mercredi 14 janvier 2015

Notre Polar

VOICI DONC CETTE AVENTURE PALPITANTE QUI COMMENCE !


Maudit Halloween

-  Je déteste un jour comme ça ! Nettoyer le vomi et la pisse des autres !
- J’en ai plein le cul de cette fête. Les mecs et les meufs qui s’habillent en terreurs pour faire peur aux autres, PUTAIN !!
- Qu’est-ce qu’il y a, Ricardo ? Est-ce que tu ne peux pas travailler en silence ? J’ai mal à la tête.
- Ici y a une femme qui est restée sur le carreau.
- Ricardo, arrête de déconner pour une fois.
- Viens, vite ! Oh, merde alors… c’est une perruque. Mais, ce n’est pas une femme, c’est un homme habillé en femme.
- Bon déguisement pour une nuit comme ça. Voyons… Ricardo, je crois qu’il est claqué.
- Merde… Tiens ! Il y a un sac à main à côté… Ça serait super pour ma daronne.
- Ricardo, laisse ça !
- Laurent, t’as pas à me dire ce que je dois faire… Oh, il y a une tablette dedans.
- Ricardo, ne touche à rien. T’es con ou quoi ? Les flics vont nous accuser. On doit  les appeler tout de suite.
- J’ai mon portable dans le camion. Merde, ça va être des emmerdes pour nous.


Sur la scène de crime

L’Inspectrice Caroline Bertrand pense que c’est merveilleux d’avoir un jour tranquille après une semaine précédente pleine d’action. Elle va enfin pouvoir rédiger ses rapports en retard.
Juste à ce moment de sa réflexion, le téléphone sonne.
Inspectrice!  Deux éboueurs viennent de trouver un cadavre dans le fond d’une impasse à Saint-Antoine !
Encore!– répond l’inspectrice Bertrand.  Depuis deux ans, Marseille est vraiment devenue une ville très dangereuse. J’en ai marre de cette pègre - se plaint-elle.
Caroline Bertrand et son co-équipier Paul Fontaine se rendent à Saint-Antoine.
Les éboueurs les attendent près du corps. La police scientifique est déjà en train de faire les premiers relevés et les photos.
Les inspecteurs observent la scène du crime.
Alors, je vous peins le tableau. La victime est un homme dans la cinquantaine.
Ah bon c’est un homme !
Oui, il est juste déguisé. Il n’a pas de blessure apparente. Il faut attendre l’autopsie. Quant à son identité, on n'en sait rien...


   Où est mon "lit" et où est Pierre?

Décroche putain ! Décroche à la fin !
Le peintre Miquel Barceló avait les nerfs à fleur de peau. Il essayait de peindre dans son atelier parisien mais il n’y arrivait pas. Sa tête était en train de s'échauffer sans trouver de réponse au silence de son marchand d’art Pierre Girardet.

-Trois jours, trois jours qu’il est allé voir ce richard pour lui vendre mon « Lit »... Mon dieu! Ou il s'est perdu en cherchant sa petite demeure, ou une sorcière d'Halloween  l’a emporté avec elle... Je peux rien faire...Oh Pierre ! dans deux semaines je dois exposer... Je ne comprends plus rien!

Miquel a appelé tous les collègues de Pierre, mais personne ne sait rien… en fait personne ne l'a aidé, sciemment…dans ce monde où l'envie est toujours présente.

Il doit partir au Mali la semaine prochaine et il veut laisser son expo bien ficelée.
-Fais-moi un petit signe pour savoir où te chercher, un petit signe !
Soudain, il entend un bruit, il se retourne et il voit un pot de peinture rouge qui coule par terre. Il est bouleversé et immobile.

Un coup de téléphone le faisait sortir de cet état. Il décroche en s'attendant à entendre la voix de Pierre, mais il se trompe.
- Allô !
- Bonjour. Ici l’inspectrice Caroline Bertrand. On a trouvé votre numéro de téléphone dans l'agenda électronique d'un homme qu'on a retrouvé mort et dont on ne connait pas l'identité. Pouvez-vous me donner votre nom, s'il vous plaît ?
- Ah oui, pardon, je suis Miquel Barceló. 
Il sent résonner le mot "mort" dans sa tête et il ne peut dire un mot.


Pierre sur le carreau

-Monsieur Barceló? Vous êtes là?
-Euh, oui, oui, j’y suis, répond Barceló étonné.
-Alors, monsieur Barceló, il faut que vous veniez à la clinique médico-légale pour savoir s’il s’agit de quelqu’un que vous connaissez. Où êtes-vous ?
-Je suis à mon atelier en ce moment, mais…c’est vraiment nécessaire ?
-Monsieur Barceló, je suis désolé mais, pour l’instant, on n’a aucune autre ligne d’enquête. On va vous chercher dans dix minutes, ça va?
-D’accord,  répond-il bouleversé. J’attends.
Barceló tourne en panique dans son atelier. Il ne comprend rien : Pierre disparu, Où est ce connard ? Un cadavre qui l’attend ! Qu’est-ce que signifie tout ce bordel ?
À la Clinique médico-légale, le peintre est sur le point de perdre les pédales..  Ce corps froid sur la civière, c’est Pierre, déguisé en femme.
Miquel Barceló explique aux enquêteurs qu’il est peintre et que Pierre est son marchand d’art, doublé d’un ami de longue date.
-Mes condoléances, Monsieur Barceló, dit Caroline Bertrand, mais maintenant il nous faut enquêter. Quand  avez-vous vu Pierre Girardet pour la dernière fois ?


L’oiseau est tombé sur le net ?

-Lundi dernier. Pierre devait vendre mon « Lit » ce jour-là. On devait se retrouver mercredi pour arranger les derniers détails d’une exposition et aussi me donner l’argent de la vente. Il n’est jamais revenu, il n’a pas non plus décroché son téléphone. Tout ça c’est de la folie.
-On doit revenir sur ces derniers jours, dit Caroline Bertrand. Selon le légiste, il est mort hier soir, vers minuit. Monsieur Barceló,  son silence  et sa mort peuvent avoir une relation avec la vente de votre toile. Avec qui avait-il  rendez-vous pour cette affaire ? 
Avec quelqu’un qui s’appelle Richard, réponds Barceló à bout de nerfs, c’est tout ce que je sais.
Bertrand ! On a réussi à rentrer dans ses mails ! crie Paul Fontaine. Le dernier a été envoyé à onze heures et demie à ce Richard. Ecoute ce texte ! : «Mon amour, tout est fait. Il ne faut pas t’inquiéter, personne ne m’a suivi. Je t’attends.  L’oiseau est tombé sur le net». C’est tout.
Qui est ce Richard ? demande l’inspectrice Bertrand au peintre.


Pierrine et le loup
-Je ne le connais pas. Pierre m’avait dit qu’il s’agissait d’un ami. La vérité c’est que...
Barceló se tait comme si une force intérieure le lui ordonnait.  - Je ne sais pas si je dois...
-S’il vous plaît. Toute information peut être utile à l’enquête.
-Depuis vingt ans Pierre est, était, un des meilleurs marchands d’art et il m’a ouvert les portes des meilleures galeries d’art européennes et américaines. Sans lui, Miquel Barceló n’existerait pas et il est très difficile pour moi de parler de sa vie privée.
-Vous pouvez être tranquille, tout restera confidentiel.
-Pierre était une personne très cultivée, très aimable et, surtout, très formelle. Depuis quinze ans il partageait sa vie avec Marianne et ils incarnaient le couple bourgeois typique, bien qu'ils ne se soient pas mariés... Il y a deux mois, Pierre a découvert que sa femme le trompait avec un jeune peintre qu’il aidait et elle l’a quitté. Alors,  Pierre a changé.
-Quel type de changement?
-À partir de ce moment-là, il y a eu un Pierre de jour, presque l’habituel, et un Pierre de nuit, sans aucun contrôle. Il a commencé, aussi, à fréquenter certains clubs : Le Tango, Les Agités...
-Mais, ce sont ...
-Oui. Des clubs gays. Il aimait s’habiller en femme et se faire appeler Pierrine.

Le club Le Tango
Après plusieurs minutes, l'inspectrice Bertrand décide de mettre fin à la conversation avec Monsieur Barceló. Les informations fournies par le célèbre artiste lui ont ouvert de nouvelles voies de recherche. Après avoir réfléchi un moment, elle décide d'aller parler avec des travailleurs des clubs fréquentés par Pierre Girardet. Elle sait que ce ne sera pas facile d'obtenir des informations utiles à travers ces personnes, parce qu'ils vivent dans un monde où l'identité des clients est quelque chose de confidentiel et appartient à leur vie privée. L'inspectrice sait aussi qu'elle devra être très prudente si elle veut réussir dans sa recherche. C'est la raison pour laquelle elle a décidé d'y aller toute seule, sans son co-équipier, Paul Fontaine, qui n'est généralement pas très subtil quand il interroge les témoins. Alors qu'elle se rend au premier club, Le Tango, Fontaine reste dans le bureau à tenter de trouver, à travers les e-mails de Girardet, l’identité de ce Richard.


Quand l'inspectrice entre dans le club Le Tango, il y a une jeune serveuse qui est train de nettoyer les tables.


En train d’avancer : subtilité et perspicacité contre doute et mensonge.
Caroline pense qu’elle doit être très subtile si elle veut obtenir les bonnes réponses…
- Bonjour, beaucoup de travail ?
La jeune fille, qui ne s’était pas rendue compte de l’arrivée de Caroline, s’arrête de nettoyer et devant le sourire sincère de cette dernière, souffle et répond :
-Oui… Les nuits de fêtes comme celle d’hier, quel boulot pour nous…
Caroline pense « pour nous aussi… » et ajoute :
-Je cherche Pierrine…
-Pierrine ? Ah oui ! C’est un de nos habitués… Ça fait presque deux mois qu’il vient ici toutes les nuits... Hier il n’était pas seul… et je les ai vus s’en aller très vite… C’est étrange parce que normalement toutes les nuits Pierrine attend que Marcel ferme le club… Je crois que Marcel et lui…
-Quoi ? Qu’est-ce que vous voulez dire ?
-Mmmm… Je ne sais pas, mais  ici, vous savez, tout le monde cherche quelque chose…
Un homme avec les cheveux longs et blonds habillé d’une veste blanche apparait sans que Caroline s’en soit aperçue :
-Qu’est-ce qu’il se passe, Gaëlle ? Je ne te paie pas pour bavarder ! Bonjour Madame… Je suis Marcel Dupont, le patron de ce club… Je peux vous renseigner ?
-Oui… Monsieur Dupont, je suis une amie de Pierrine… Je le cherche car il ne répond pas à mes appels.
-Ah… Pierrine… je ne le connais pas beaucoup mais je crois qu’il a dit qu’aujourd’hui il voulait aller faire du parapente… Surement qu’en ce moment il est en train de sauter…
Caroline plonge son regard dans les yeux verts de Dupont… et avec l’expérience que lui a donnée sa profession, elle peut y lire le doute et le mensonge…
D’un coup et à la grande stupeur de la serveuse, Caroline sort sa carte de police…
-Marcel Dupont, je vais vous demander de bien vouloir me suivre au commissariat pour y être entendu dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de Pierre Girardet.

-Mais…


À VOILE ET À VAPEUR
Situé dans le cœur du quartier des antiquaires de Marseille, l’atelier de peinture du Couëdic rappelle un atelier de l’école de Pont Aven. Paul Fontaine y a rendez-vous avec Marianne, l’ex de la victime.
-Bonjour Madame, je suis désolée de faire appel à vous dans ces circonstances mais notre enquête en a besoin.
Cette dernière détourne la vue et se tournant vers le jeune homme qui est devant un chevalet :
-Voici Richard Archer, mon nouveau compagnon. Vous savez, je n’avais pas vu Pierre depuis deux mois.
Le jeune peintre, en entendant son nom, s’est levé et approché. L’inspecteur, se demandant si ce Richard ne serait pas celui qu’ils cherchent, celui du mail, l’apostrophe :
-Et vous Monsieur, avez-vous été en contact avec lui dernièrement ?
-Non, vous imaginez !!!
Fontaine prend congé après quelques questions anodines et fonce aussitôt au club Le Tango avec dans sa poche la photo du jeune peintre qu’il avait déchargée du site Web de l’atelier. La serveuse est formelle : cet homme n’est pas l’homme avec qui Pierrine est reparti la veille, mais par contre qu’elle l’a vu à de nombreuses occasions avec lui auparavant, enlacés et « se roulant des pelles ».

HOMME VOLAGE, LIT VOLÉ
Le numéro du commissariat s’affiche sur le portable de l’inspectrice Caroline Bertrand.
-Allo. Oui Berthier ?
-Dis-moi, en parlant avec un collègue du IIIème arrondissement, je lui disais qu’on enquêtait sur un meurtre, celui de Pierre Girardet et il m’a dit qu’il avait porté plainte chez lui pour vol avec effraction dans sa voiture ; on lui aurait volé un tableau. J’ai sous les yeux sa déposition : le tableau, c’est « le Lit » de Miquel Barceló…
Aussitôt, Caroline appelle Fontaine et ils s’échangent les dernières nouvelles.
-Si on récapitule, Richard Archer est l’amant de Girardet et de son ex et visiblement, elle n’en sait rien. Richard et Girardet auraient monté un coup pour faire croire au vol du tableau et certainement le revendre pour filer ensemble le parfait amour très loin.

VOL AU-DESSUS D’UN LIT DE COCUS
Richard Archer est blême, il tourne en rond dans son atelier. « Le Lit » n’est plus où il était, bien caché derrière ses tableaux, de véritables croûtes comparées avec le dernier chef d’œuvre du peintre majorquin.
A ce moment, Marianne entre doucement, à pas feutrés, et l’enlace par derrière en lui susurrant des mots d’amour. Brusquement, quand il se retourne, elle change de ton :
-Mais qu’est-ce que tu crois, que j’allais te laisser m’abandonner comme une vieille chaussette.
-Non Marianne, c’est toi que j’aime. Avec ton ex, c’était juste pour le business.
-Enfin, même si ce n’est pas vrai nous voilà débarrassés de lui.
-Qu’est-ce que tu veux dire Marianne ? Et d’abord, tu n’aurais pas vu… ?

-Si bien sûr, le tableau de Barceló. Qu’est-ce que tu crois ? Tu me prends pour une poire !! Quand je l’ai trouvé en cherchant une toile vierge pour peindre, je suis rentrée sur le mail de Pierre, tu penses, il n’avait même pas changé le mot de passe…

Comme une souris dans une souricière

Marcel Dupont était tout seul derrière la table de la salle d’interrogatoire. Il ne faisait aucun mouvement. Le regard fixe. L’inspectrice Bertrand le regarde à travers la vitre. Caroline sait qu’il ne peut pas la voir.

-       Il cache quelque chose! J'en suis sûre !

Paul ouvre tout à coup la porte, un dossier à la main.

-       Nous avons le rapport d’autopsie. On a trouvé des restes de cyanure dans l’estomac avec une boisson.

-       J’en étais certaine! Il a été empoisonné au Tango. Il faut y envoyer rapidement quelqu’un pour faire une perquisition.

Paul passant la tête par la porte en donne l’ordre à deux policiers.

-       On y va!   dit-elle et ils entrent ensemble dans la salle où  Marcel les attend.

Après deux longues heures de questions y réponses répétitives, l’inspectrice savait que le patron du Tango était au point où elle l'attendait. C’était le moment de le prendre au dépourvu.

-…et vous dites que vous ne le connaissiez pas beaucoup?

- Oui, seulement de le voir au club…


- Et... pourquoi il y a plusieurs appels entre Marianne et vous?

lundi 12 janvier 2015